Boom des recettes aurifères au Mali : 1,4 milliard de dollars attendus en 2024
Bamako – Avril 2025
Depuis la mise à l’écart de l’influence française dans le secteur minier, le Mali connaît une hausse spectaculaire de ses revenus issus de l’or. Selon les données récemment publiées par le ministère des Mines, le pays devrait engranger 1,4 milliard de dollars en 2024 grâce à l’exploitation aurifère, soit une hausse de 52,5 % par rapport à l’année précédente.
Un chiffre d’autant plus marquant que, paradoxalement, la production industrielle d’or a chuté de 23 % durant la même période. Cette croissance du revenu national est attribuée à la nouvelle loi minière adoptée après la sortie du pays de la sphère d’influence française. Désormais, l’État malien peut détenir jusqu’à 35 % de participation dans les projets miniers, contre seulement 20 % auparavant.
Une réforme aux effets immédiats
Outre une plus grande part dans les projets, la réforme a permis au Mali de renforcer son contrôle sur les entreprises minières, en limitant notamment les transferts de bénéfices vers l’étranger. En 2024, environ 800 millions de dollars ont été collectés par l’État malien sous forme d’impôts et de redevances minières.
Cette souveraineté retrouvée dans la gestion des ressources naturelles n’a toutefois pas été sans heurts. Certaines multinationales, visiblement contrariées par la perte de privilèges, ont contesté la nouvelle législation. C’est notamment le cas de la société canadienne Barrick Gold, qui a refusé de s’acquitter d’un redressement fiscal de 500 millions de dollars.
Riposte ferme de l’État malien
En réponse, les autorités maliennes ont confisqué trois tonnes d’or appartenant à l’entreprise et interdit temporairement l’exportation de ses produits. Face à cette décision, Barrick Gold a suspendu ses opérations dans le pays, marquant un tournant dans la gestion des conflits entre l’État malien et les compagnies étrangères.
Un tournant dans la souveraineté économique
Ce regain de souveraineté économique est perçu par de nombreux observateurs comme un signal fort de l’émancipation du Mali face aux anciennes puissances tutélaires. La rupture avec la France, longtemps vue comme un partenaire incontournable dans l’exploitation aurifère, semble avoir ouvert la voie à une gestion plus équitable et plus souveraine des ressources naturelles du pays.
Avec cette nouvelle dynamique, le Mali affirme sa volonté de transformer la richesse de son sous-sol en un levier de développement durable et de justice sociale, rompant avec des décennies de dépendance et de spoliation silencieuse.