CARNET DE ROUTE Episode 1- LA CASE SONGHAY. De mon récent séjour dans mon terroir, commune de Taboye, au bord du fleuve Niger, entre Gao et Bourem, je partage avec vous quelques aspects de la vie socio culturelle. Aujourd'hui je vous parle de la case songhoy (hougou ou koïra hougou, case traditionnelle).
Espace de vie privilégié, elle était la vie en tout, avant cette époque moderne : habitat pour la famille, pour les mariages et autres cérémonies, etc. Elle est ronde, belle, construite par la dextérité artisanale de nos mères, nos sœurs et nos tantes, en groupe le plus souvent et dans une ambiance festive. Elle est couverte de nattes faites en limbes de feuilles (kongou) du palmier doum (kangaou), un arbre originaire d'Egypte. Quand elle était abondante jusqu’au début des années 80, cette espèce végétale dominait la flore villageoise le long du fleuve Niger. Aujourd’hui, à cause de sa rareté, elle est protégée et sa coupe contrôlée.
La case est soutenue par quatre piliers ou ‘’titaa’’, souvent extraits de troncs de prosopis africana (baani en sonrai, boana en bamanan). Entre ces fourches se trouvent des poutres ou ‘’dobey’’ également en bois (des branches qui lui donnent une forme carrée ou rectangle à la partie inférieure de la case, soit la hauteur de la poitrine d’un adulte). La partie supérieure est conique. Ces montants faits de longues branches sèches, fines et souples d'autres arbres du terroir, rassemblées en groupes de trois, voire quatre et attachées par des cordes en feuilles de palmier doum, en peau ou en tissu. Ils sont confectionnés avec un souci décoratif, partant du sol, espacés d'à peu près un mètre maximum, le long de la circonférence et se rejoignant au toit.
D'autres supports appelés ‘’cherey’’ traversent perpendiculairement les ‘’dobey’’ pour rendre l’habitat plus résistant de bas en haut secs. Le tout doit permettre aux nattes de servir comme toiture et plafond. ‘’Dobey et cherey’’ sont souvent composés de pétioles appelés ‘’sarbey’’, cette tige du palmier doum qui a des fonctions multiples, dans la construction de case, de clotures, de nasses, de toitures de maisons en banco, etc.
Les nattes plus longues qui ceinturent la case à sa base s'appellent ''soutti''.
Elle a deux portes souvent basses sur deux cotés qui se referment par une natte sur mesure.
Il y a deux types de case : ‘’koron hougou’’ (case de la saison sèche et ‘’djiyaou hougou’’ (case de la saison froide). La première est plus petite, sommaire et simple car pendant la saison sèche, tout le monde dort au dehors et ne sert qu’à abriter que lorsque le soleil est au zénith. Elle est faite pour tenir compte des intempéries faites de vents de sables et de pluies souvent fortes de même que la forte exposition au soleil. La seconde est grande et large, et très ornée à l’intérieur et à l’extérieur par des nattes en couleurs et autres ornements en couleurs (garnements artisanaux, tapis colorés, etc.). Elle est construite pour la saison froide, plus clémente et douce, temps des récoltes du riz et des réjouissances populaires, des hautes eaux, du poisson et du lait abondant. C’est le moment de nombreux mariages surtout des jeunes de la diaspora (Ghana, Togo, Nigéria, Niger, Libye) de retour. La case familiale dans ce cas est plus grande et espacée, souvent avec deux lits des deux côtés, des nattes et tapis neufs au sol avec des coussins pour les visiteurs et les causeries. Si c’est une case construite pour un jeune couple marié, sans être grande, elle est plus ornée et plus colorée.